
Ils évoquent l’été, les champs dorés et l’odeur des herbes sèches… Mais derrière leur apparente innocuité, les spigaous cachent un véritable danger pour les tout-petits. Un récent incident en crèche rappelle l’importance de la vigilance face à cette herbe sauvage. Découvrons ensemble pourquoi les spigaous représentent un réel danger et comment protéger les bébés de cette plante en collectivité.
Spigaous : c’est quoi ?
Les spigaous, aussi appelés « épillets » ou « voyageurs », sont des herbes sèches que l’on trouve fréquemment dans les champs, jardins et espaces extérieurs du sud de la France.
À maturité, leurs épis deviennent durs, cassants, et dotés de petits crochets. S’ils sont appréciés dans certaines activités de motricité fine, notamment en crèche, leur présence à l’extérieur représente un danger réel pour les jeunes enfants et les animaux.
Pourquoi les spigaous sont-ils dangereux en crèche ?
À première vue, les spigaous peuvent sembler anodin, voires attractifs pour des activités de découverte sensorielle. Pourtant, leur présence dans une crèche représente un véritable danger pour les jeunes enfants, notamment pour les bébés et les tout-petits qui explorent le monde avec leurs mains… et leur bouche.
Une plante à la structure piégeuse
Les spigaous sont donc comme indiqué des herbes sèches dont les épis sont :
- Pointus et rigides, capables de perforer tissus et muqueuses,
- Munis de micro-crochets qui leur permettent de s’accrocher aux vêtements, aux cheveux ou même aux surfaces de la peau et des muqueuses,
- Extrêmement légers, donc facilement transportés par le vent, les vêtements ou les chaussures.
Cette forme en harpon rend la progression du spigaou unidirectionnelle : il pénètre facilement mais ne peut pas ressortir naturellement sans intervention extérieure, créant ainsi des risques d’infection, d’inflammation et de lésions internes.
Les comportements naturels des enfants aggravent le risque
Les jeunes enfants :
- Rampent, tombent ou jouent à même le sol
- Portent à la bouche tout ce qu’ils trouvent,
- Ont des voies respiratoires et digestives très étroites et sensibles.
Par conséquent, un simple spigaou peut :
- Être avalé et s’enfoncer dans la gorge, les bronches ou l’œsophage,
- Être inhalé accidentellement, entraînant un risque d’obstruction ou de blessure des voies respiratoires,
- Pénétrer la peau par micro-blessure ou s’enfoncer sous la peau en cas de chute.
Dans les cas les plus graves, cela peut nécessiter :
- Une intervention chirurgicale d’urgence pour retirer le spigaou,
- Une hospitalisation prolongée pour traiter les infections ou complications pulmonaires.
Un risque silencieux
Le plus inquiétant avec les spigaous, c’est que :
- L’ingestion ou l’inhalation passe souvent inaperçue,
- Les premiers symptômes (toux, gêne respiratoire, douleur) peuvent être retardés,
- Le diagnostic est parfois difficile sans examens médicaux approfondis (radiographies, endoscopie).
Cela signifie que le danger peut s’aggraver rapidement sans signe extérieur immédiat. Cela a été tristement illustré par le cas d’un bébé de 7 mois ayant nécessité une opération urgente après avoir avalé des spigaous dans une crèche.
Une prévention indispensable
Dans une structure accueillant des enfants en bas âge, il est impératif de :
- Supprimer toute présence de spigaous dans les espaces extérieurs (cours de récréation, jardins, abords immédiats),
- Mettre en place une surveillance accrue lors des jeux en extérieur,
- Informer le personnel et les familles des risques associés à cette plante pourtant si courante dans certaines régions.
Car, même si naturel rime souvent avec bien-être, certaines plantes de nos environnements sont de vrais dangers cachés pour les tout-petits.
Un bébé de 7 mois opéré après avoir avalé des spigaous dans une crèche
En avril 2024, un grave incident a mis en lumière les dangers méconnus des spigaous en crèche. À Saint-Mitre-les-Remparts, dans les Bouches-du-Rhône, un bébé âgé de seulement 7 mois a dû être opéré en urgence après avoir été exposé à des épis de spigaous dans un espace extérieur de la crèche qu’il fréquentait.
Comment l’incident s’est-il produit ?
Le bébé était dans un espace extérieur accessible aux enfants, où la végétation semblait contenir des spigaous non détectés ou non retirés.
Comme beaucoup de nourrissons de cet âge, il explorait son environnement avec ses mains… et sa bouche. C’est en portant accidentellement un ou plusieurs spigaous à sa bouche qu’il a involontairement inhalé ou avalé les épis.
À cet âge, le réflexe de protection des voies aériennes n’est pas totalement efficace, ce qui a facilité la pénétration des spigaous vers les bronches.
Quels ont été les premiers signes ?
Rapidement après l’exposition, les professionnels de la crèche ont observé :
- Une gêne respiratoire inhabituelle,
- Une toux persistante,
- Un essoufflement progressif.
Devant l’aggravation rapide de son état, le personnel a prévenu les secours. Le bébé a été transféré à l’hôpital pour examens d’urgence.
Le diagnostic
Les médecins ont pratiqué une radiographie et une fibroscopie bronchique. Ils ont constaté que plusieurs spigaous s’étaient logés dans les bronches du bébé.
Ces épis, à cause de leur forme pointue et de leur capacité à s’enfoncer dans les tissus, auraient pu migrer vers les poumons, provoquer une infection grave, voire un abcès pulmonaire si rien n’avait été fait rapidement.
L’intervention chirurgicale
Face à la gravité de la situation, une intervention chirurgicale sous anesthésie générale a été nécessaire pour extraire les spigaous un par un.
La délicatesse de l’opération était accentuée par :
- La fragilité des voies respiratoires d’un bébé de cet âge,
- La multiplication des épis,
- Le risque d’infections post-opératoires.
Heureusement, l’opération s’est bien déroulée et le bébé a pu être stabilisé après quelques jours d’hospitalisation.
Les suites de l’incident
Le bébé a été placé sous surveillance médicale renforcée pendant sa convalescence pour s’assurer qu’aucun épi résiduel ni complication infectieuse n’apparaissait.
Cet accident a déclenché une alerte sanitaire dans la commune, incitant les crèches et écoles locales à inspecter minutieusement leurs extérieurs pour retirer toute présence de spigaous ou plantes potentiellement dangereuses.
Une prise de conscience nécessaire face à la dangerosité des spigaous en crèche
En outre, cet incident montre que même les structures d’accueil les mieux intentionnées peuvent être confrontées à des risques sous-estimés liés à la nature. Il rappelle l’importance :
- D’un entretien rigoureux des espaces extérieurs,
- De former le personnel à reconnaître les plantes à risque,
- Et d’adapter les espaces d’accueil en fonction de l’âge et du comportement naturel des tout-petits.
Quelles précautions prendre pour éviter les accidents liés aux spigaous en crèche et à la maison ?
La sécurité des tout-petits passe aussi par la connaissance des risques naturels présents dans leur environnement immédiat. Suite à l’incident à Saint-Mitre-les-Remparts, il est essentiel d’adopter des mesures de prévention rigoureuses pour limiter toute exposition accidentelle aux spigaous, que ce soit en structure d’accueil ou dans un jardin familial.
En crèche : une vigilance maximale dans les espaces extérieurs pour bannir les spigaous
1. Inspection régulière des extérieurs
- Avant chaque saison chaude (printemps, été), effectuez un bilan complet des espaces verts (cours, jardins, terrains de jeux).
- Identifiez la présence potentielle de spigaous ou d’autres herbes sèches et retirez-les systématiquement.
- Répétez des inspections régulières tout au long de la saison, car les plantes peuvent repousser rapidement.
2. Entretien des surfaces
- Tondez les pelouses régulièrement pour éviter que les graminées sèches n’atteignent leur maturité.
- Privilégiez des espaces végétalisés contrôlés (plantes basses, arbustes sans danger) plutôt que des terrains laissés à l’état naturel.
3. Sensibilisation du personnel sur les spigaous en crèche
- Organisez une formation annuelle pour permettre à tout le personnel encadrant (éducateurs, ATSEM, assistantes maternelles) de reconnaître les spigaous et autres végétaux à risque.
- Informez également les intervenants extérieurs (jardiniers, animateurs).
4. Surveillance renforcée pendant les jeux en extérieur
- Limitez l’accès aux zones non contrôlées ou susceptibles de contenir des herbes sèches.
- Assurez-vous que les enfants jouent sous la surveillance constante d’un adulte attentif.
5. Activités autour des spigaous uniquement en intérieur et sous surveillance
- Les ateliers sensoriels avec spigaous conviennent uniquement aux enfants de plus de 3 ans (qui ne mettent plus systématiquement les objets à la bouche, il faut donc toujours bien surveiller les enfants par précaution).
- Prévoyez un espace dédié et des consignes claires d’utilisation.
À la maison : sécuriser aussi les jardins et promenades
1. Entretenir son jardin
- Passez en revue les pelouses et jardins dès les beaux jours.
- Supprimez les herbes hautes, surtout près des lieux de jeu (terrasses, balançoires, pataugeoires…).
2. Être vigilant lors des promenades
- Dans les parcs, chemins de campagne ou même en vacances, soyez attentif à ce que votre enfant ne manipule pas ou ne porte pas à la bouche des épis secs ramassés au sol.
- Privilégiez les aires de jeux bien entretenues et évitez de laisser votre bébé jouer directement dans les herbes hautes.
3. Surveiller les plus petits
Les enfants de moins de 3 ans doivent être particulièrement surveillés car ils explorent naturellement leur environnement par la bouche.
4. Enseigner progressivement les enfants à faire attention
- Pour les enfants un peu plus grands, apprenez-leur progressivement à ne pas toucher certaines plantes sans autorisation.
- Expliquez-leur pourquoi certaines herbes peuvent être « piquantes » ou « dangereuses » pour leur santé.
Ainsi, avec une surveillance adaptée, un entretien rigoureux des espaces extérieurs, et une sensibilisation active des adultes encadrants, le risque d’accident devient quasi nul. Cet effort collectif de vigilance est indispensable, car, comme le montre le cas récent du bébé de 7 mois, les conséquences peuvent être graves même pour ce qui semble être un simple brin d’herbe.